Je me souviens, enfant, combien ma curiosité était grande,
lorsque le hasard d’une promenade nous conduisait par le chemin de Clairfont jusqu’à cette
belle propriété, entourée de grands arbres et de grands murs. Ma petite taille
d’alors ne me permettait pas de voir par-dessus la clôture, et sa paroi lisse n’était
guère propice à l’escalade. Le secours d’une grande personne était
indispensable, et juché sur les épaules solides de mon père, je contemplais
ce bloc de calcaire qui devait contenir de fabuleux secrets. Le texte mystérieux gravé dans
la pierre concernait disait-on un homme illustre de l’époque romaine. Redescendu
sur terre, je me promettais qu’un jour je le verrais de près et que je saurais...
Ce rêve, d’autres l’avaient fait avant moi, et M. Paul Fisch, l’heureux
détenteur de ce tombeau, après l’avoir descendu de la colline et installé dans
son parc, a retranscrit le fruit de ses recherches sous forme d’un livre à tirage limité destiné à un
cercle de parents et d’amis. Son fils, Roland Fish, cinq ans plus tard, fait don à la commune
de ce tombeau qu’il considère comme bien public.
Les élus ont eu la noble tâche de lui trouver une place de choix au cœur
de la cité, d’entreprendre son déplacement et sa restauration, de trouver les financements.
Les Compagnons ont eu l’ambition de rééditer l’ouvrage de Paul Fish avec l’accord
de son fils, et d’y adjoindre un rapport du CNRS qui donne sa version scientifique.
L’installation du tombeau d’Alethius dans le perron de la nouvelle Mairie
et cet ouvrage tiré à mille exemplaires vont donner à cette page de notre histoire
locale la place qui lui revient.
Merci à M. Roland Fisch, pour son sens du bien public, à la fondation
du Crédit Agricole pour son soutien financier, aux entreprises et aux Compagnons de Charmes pour
avoir entrepris ce travail de mémoire. Notre société qui par moment donne des signes
inquiétants sur son devenir, a de plus en plus besoin de racines. Merci à tous ceux qui
par leur travail, offrent à nos enfants leurs solides épaules, leur permettant de voir
un peu plus loin par dessus la clôture.
Jean-Yves Bois - Mars 2001